Avec un peu de lucidité et une application attentive, on pourrait soupçonner la ville de Grand-Bassam de préparer activement sa revanche sur l’histoire politique et administrative du pays qui a voulu qu’elle perde sa couronne à un moment donné. En effet, c’est de Grand-Bassam que l’administration coloniale prépare l’invention de notre chère cote d’ivoire qui prend son baptême d’existence par décret du 10 mars 1893. Cette date marque aussi le couronnement de Grand-Bassam car elle devient officiellement capitale du pays. Un essor et un rayonnement particulier dont les échos et traces restent visibles dans l’histoire accompagneront la noble marche de la ville jusqu’en 1900 où malheureusement, un phénomène naturel (épidémie de fièvre jaune) lui fera perdre son prestige de capitale au profit de Bingerville. Dès lors, Grand-Bassam sombre dans un long coma ou elle ne vit que par le parfum de son prestige passé. On se retrouve toujours avec le même sentiment de déception éprouvé par Réné Caillé face à Tombouctou lorsqu’on descend sur Grand-Bassam attiré par son grand nom. Grand nom, petite réalité donc !
Cependant, ces dernières années, Grand-Bassam prépare activement sa revanche qui se confirmera logiquement avant la fin de la nouvelle décennie. Cette conviction découle du constat que la ville est actuellement animée d’un esprit d’émergence. Que cela émane d’une volonté propre ou que cela lui arrive comme une fatalité peu importe. De toute façon, les lois naturelles ont toujours voulu que l’histoire soit un perpétuel recommencement, que le sang de ceux qui ont été rois revienne toujours au trône. Aussi, la nature voudrait que Grand-Bassam redevienne reine. C’est pour cette raison sans doute qu’elle a inspiré le Dr Alassane Ouattara, artisan de l’émergence à lancer les travaux de l’autoroute, Abidjan-Bassam, qui ouvrira un ciel de lumière à la ville historique. Cet ouvrage symbolise à lui seul, l’ascension de la ville vers la modernité. En outre, l’accélération de la réalisation des infrastructures de la zone franche (vitib) permettra à terme à la ville d’entrer dans une phase d’industrialisation qui fera d’elle une cité prédominante en côte d’ivoire voire en Afrique.
Grand-Bassam prend notamment de clartés avec ses nouveaux quartiers qui lui arrivent par grâce providentielle. Il s’agit des Rosiers et du grand quartier des logements sociaux en construction. Aussi le quartier Mockeyville avec ses constructions nobles et magnifiques achèvent de convaincre de l’élan de modernité exceptionnelle amorcé par la ville. On peut sans hésitation affirmer que pareille transformation ne se fait nulle part d’autre à l’intérieur du pays. Même si l’architecture des anciens quartiers demeure toujours une fausse note dans cette évolution, force est de souligner que les privilèges accompagnant l’érection de Grand-Bassam en patrimoine mondial de l’UNESCO, sont en phase d’apporter du renouveau : il s’agit notamment de la réhabilitation annoncée des bâtiments coloniaux, ainsi que la projection de bitumage de plusieurs rues dont celle reliant la morgue a la police.
Dès lors, la population Bassamoise doit être consciente que le temps a tourné la roue de l’histoire pour revenir vers son point de départ et donc que la revanche est proche. Dans cette mouvance victorieuse, il appartient à cette population de proclamer cette décennie ‘‘la décennie des lumières’’ et de se battre pour que la gloire s’installe définitivement.
Grand-Bassam, levé toi donc et sois éclairé car ta lumière arrive.